« J’hésite à inscrire mon enfant en conduite accompagnée, je ne saurai pas lui apprendre à conduire. En plus, il va prendre toutes mes mauvaises habitudes… »
Y a-t-il enseignant de la conduite qui n’ait jamais entendu cette phrase ? Depuis que l’apprentissage anticipé de la conduite (AAC) existe, c’est-à-dire depuis la fin des années 80, il souffre de ces deux ambiguïtés. Au bout de trente ans, on peut s’interroger sur leur persistance.
Rétablissons donc les choses !
1- La tâche des accompagnateurs n’est certainement pas celle d’enseigner la conduite. C’est un métier, une activité complexe qui requiert des connaissances théoriques, des savoir-faire pédagogiques et psychologiques. L’apprenti conducteur qui passe par la filière AAC doit d’abord suivre une formation initiale en établissement d’enseignement. Elle se compose de l’épreuve théorique générale (le fameux « code ») et d’une formation pratique d’au moins 20 heures, parfois plus, car l’objectif est que l’élève sache conduire seul. A l’issue, une attestation de fin de formation initiale signée par un enseignant permet de débuter la phase à proprement parler de conduite accompagnée.
A quoi sert cette conduite accompagnée alors ?
C’est simple, elle permet l’acquisition de ce qui fait défaut à tout jeune conducteur issu de la formation traditionnelle, et qui pèse malheureusement beaucoup dans son accidentalité: l’expérience, le vécu et la résolution de situations de conduites diverses et parfois complexes, sous la houlette d’un conducteur expérimenté. Les qualités requises pour un accompagnateur sont donc plutôt la patience, un peu de sens de la communication et l’envie de faire progresser l’apprenti conducteur.
2- Pour ce qui est des mauvaises habitudes, à 15 ou 16 ans c’est déjà trop tard ! La transmission intergénérationnelle des comportements se fait essentiellement par l’observation. Depuis leur plus jeune âge, les enfants observent les parents faire, parler, conduire… Ils ont eu des modèles pendant plus de 10 ans, cela pèse énormément. A l’inverse, la période de conduite accompagnée, lorsqu’elle est correctement encadrée par un établissement sérieux et des parents impliqués, est l’occasion de rompre avec cette transmission et même souvent de corriger le comportement chez le modèle…
Il y a là un point capital que l’on ne réalise pas toujours et qui doit permettre de se poser des questions: « Suis-je un bon modèle ? », « Qu’ai-je transmis ou que vais-je transmettre à mes enfants ? », « Quelles valeurs doivent-ils apprendre de moi ? ». Pour des parents, c’est aussi ça, être responsable.