Si vous lisez la presse populaire en ce début d’été 2021, vous avez sans doute remarqué que le deuil footballistique a fait place à un dossier essentiel : les ralentisseurs « illégaux ». Le terme d’illégal n’est pas innocent et nous permet une réflexion sur le sujet.
Rejet
Pour le moins impopulaires, les ralentisseurs se sont développés dans les années 1990, avec l’introduction de la limitation de vitesse à 30. Les surnoms sont révélateurs: casse-essieux, gendarme-couché… Les pétitions de riverains les réclament, mais personne n’en veut devant chez soi. Générant pollution sonore et gazeuse, ils ne devraient être utilisés qu’en dernier recours, lorsque d’autres solutions d’aménagement ne sont pas possibles.
Illégaux ou non-conformes ?
Pour qu’un ralentisseur soit illégal, il faut qu’il enfreigne une loi, comme par exemple celle qui définit l’autorité en charge de la voirie (France 3). Or, concernant les caractéristiques et conditions de réalisation des ralentisseurs de type dos d’âne ou de type trapézoïdal, il existe un décret. Voici ce que précise l’Article 1 :
- Les ralentisseurs de type dos d’âne ou de type trapézoïdal sont conformes aux normes en vigueur.
- Les modalités techniques d’implantation et de signalisation des ralentisseurs de type dos d’âne ou de type trapézoïdal doivent être conformes aux règles édictées en annexe du présent décret.
Le terme exact est donc « non-conforme ». Mais c’est moins vendeur pour la presse, et moins orienté pour les lobbies de défense des intérêts des automobilistes.
Si la polémique était moins relayée par les médias, ceux-ci pourraient poser la bonne question, celle qui pourrait faire avancer les pratiques : pourquoi le Parlement n’impose-t-il pas des organismes de contrôle indépendants chargés d’évaluer les aménagements routiers ? Le sujet n’est pas nouveau, il faisait partie des recommandations du Livre Blanc de 1989…
Constat d’échec
Pour autant, il ne faut pas oublier ce que sont les ralentisseurs : l’échec de l’application d’une limitation de vitesse.
La limitation à 30 n’est pas là à cause du ralentisseur, c’est le ralentisseur qui est là pour aider à faire appliquer la limitation à 30. En effet, le cas général est que lorsqu’une voie de circulation est réduite à 30 km/h maximum, sans réaménagement global (chaussée, trottoirs, bandes cyclables, marquage au sol, végétation…), la vitesse pratiquée ne change pas, ou très peu. Il reste à l’élu en charge de choisir entre infrastructures coûteuses, verbalisation électoralement risquée et ralentisseurs pénibles.
Vous êtes-vous déjà posé la question : si le ralentisseur n’était pas là, respecterais-je la limitation à 30 ?