Quand économie(s), écologie et sécurité se rejoignent, cela donne des initiatives intéressantes.
Le Préfet des Alpes-Maritimes a révisé, fin 2013, le Plan de Protection de l’Atmosphère qui fixe des objectifs de réduction des gaz polluants aux acteurs majeurs de l’économie locale en plus de sensibiliser les populations à la question. Le département est en effet un des plus pollués de France, notamment aux particules.
C’est dans ce cadre que l’Aéroport de Nice-Côte-d’Azur nous a contactés pour assurer la formation d’une soixantaine d’agents à l’éco-conduite.
La formation s’est déroulée sur 5 jours, impliquant des employés et des cadres de tous les services, conducteurs de véhicules circulant soit en intraportuaire, soit en extraportuaire, soit les deux.
Pour mémoire, l’éco-conduite permet, sans modifier les temps de parcours, de diminuer la consommation des véhicules (de 15 à 30 % en moyenne), l’émission de gaz à effet de serre et de particules, l’usure des pneus et des organes de frein, les coûts de maintenance en général, et le risque de collisions.
Alors qu’il n’est pas facile d’accepter une « remise à plat » de sa manière de conduire, les stagiaires ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit, certains même se prenant au jeu avec beaucoup d’application et d’intérêt.
Pour l’anecdote, nous avons pu voir les effets de la formation des auto-écoles, puisque parmi les plus jeunes agents, nous avons trouvé des jeunes conducteurs déjà formés à l’éco-conduite. Pour eux, le stage a réactivé des savoir-faire et généré une motivation.
Et afin d’encourager la mise en oeuvre rapide de ce nouvel apprentissage, le Département Développement Durable et Environnement de l’Aéroport lance, dès la semaine prochaine, un challenge d’éco-conduite, via l’application Geco.
IFPEN lance l’Application d’Éco-conduite GECO
Pourquoi vous raconter tout cela dans un blog de sécurité routière ?
En fait, et pour faire le lien avec notre titre, la baisse du risque routier est un effet secondaire déjà bien identifié de l’éco-conduite. L’explication est simple:
- au lieu de « rouler », de se déplacer en pilotage automatique, l’éco-conducteur « conduit », il est en interaction permanente avec son environnement et anticipe beaucoup plus les situations de conduite. Il est également moins victime de « panurgisme », se laisse moins influencer par l’effet de groupe et prend du recul.
- afin d’éviter la conduite en accordéon, l’éco-conducteur se ménage des interdistances qui permettent d’éviter les situations d’urgences et les collisions par l’arrière.
- dans la même logique, l’éco-conducteur se déplace souvent un peu en-dessous des limitations de vitesse. Les quelques km/h de moins réduisent de manière importante l’énergie cinétique, en cas de choc les dommages sont systématiquement moins graves.
Pourquoi alors est-il aussi difficile de promouvoir l’éco-conduite auprès du grand public ?
Il y a d’abord le frein culturel typiquement français: la résistance au changement. Les automatismes acquis depuis longtemps sont difficiles à modifier: il faut savoir être patient vis-à-vis de soi-même et accepter imperfections et tâtonnements…
Il y a également le refus d’accorder à la conduite un statut d’activité à part entière (incompatible avec la téléphonie ou internet) dans un esprit dépassionné (on se méfie de son ressenti et on se repose sur le factuel) et dans une démarche civique.
Éternel débat: prendre la route ou la partager ?…