Grande nouveauté dans le milieu de l’auto-école (certes il n’y a pas que ça, mais c’est ce qui a été le plus médiatisé…): l’auto-école 2.0. C’est-à-dire un établissement dématérialisé où la préparation à l’examen théorique et la planification des leçons se font sur Internet.
Avancée économique ?
L’argument moteur de cette innovation est d’ordre économique: l’absence de local et de personnel d’accueil permet de réduire de 40% le prix de la préparation aux examens. Nous verrons à l’usage si c’est réellement le cas. On a pu remarquer, dans les écoles de conduite, une différence considérable entre les coûts théoriques et les sommes réellement déboursées.
Pour qu’une formation pratique soit la plus courte et la plus complète possible, et pour qu’elle offre les meilleures chances face à l’examen, il est nécessaire de consacrer un temps important sur la phase théorique et de préférence en séances collectives. L’accompagnement individuel, dès l’inscription dans l’établissement, et les apports en psychologie sont déterminants.
Régression pédagogique ?
L’auto-école a cependant besoin d’une vraie rénovation pédagogique, ce n’est pas nouveau. Sa mission ne doit plus se cantonner à préparer les candidats au permis de conduire, elle doit jouer un rôle plus déterminant dans l’apprentissage de la conduite (et pas uniquement les parcours d’examen), l’éducation routière (civisme, tolérance, partage de l’espace collectif…) et surtout dans la lutte contre le sur-risque des jeunes.
Les méthodes qui permettent une réflexion sur les enjeux sociaux et une sensibilisation aux risques de la route sont connues. Elles passent par des activités de groupe en salle, un apprentissage individuel et collectif sous le guidage d’enseignants impliqués. Bachoter derrière un écran d’ordinateur n’est pas le lieu le plus propice pour développer le sens civique et la connaissance des autres usagers de la route, surtout les plus vulnérables.
Alors pour moi, non, l’auto-école 2.0 n’est pas une avancée; c’est tout le contraire. L’emballage technologique ne suffit pas pour décréter un progrès.
Le contexte de crise pousse à chercher des économies un peu partout. Espérons que les enjeux financiers ne l’emportent pas sur les enjeux de sécurité qui plombent déjà tant notre jeunesse…