Contrainte de réagir à chaud, la presse entretient une relation complexe avec la logique de sécurité routière qui, elle, demande souvent de prendre du recul et d’avoir un raisonnement spécifique en amont de l’événement. En voici un exemple avec un article paru cet été et venu corriger les critiques exprimées à l’encontre de la conception du parking de la coulée verte publiées dans un précédent papier. Les Carpentrassiens se plaignaient en effet de ne pouvoir ouvrir leurs portières une fois leur voiture garée…
Pour stationner, il est temps de retrouver le bon sens
A la Coulée verte, les parkings ont été conçus exprès pour la marche arrière. Eh non ! Ce n’est pas un défaut de conception comme nous le suggérions dans notre édition du 26 juillet, mais un choix délibéré. Les nouveaux parkings de la Coulée verte ont en effet été conçus pour qu’on s’y gare en marche arrière. Pourquoi? Pour obliger les automobilistes à repartir en marche avant.
Antoine Ruiz, consultant pour la Ville en matière de sécurité routière rappelle que les parkings sont parfois source d’accidents. « On compte moins de dix morts par an en France, heureusement. Mais ce sont presque toujours des enfants, tués souvent par leurs propres parents lors d’une sortie en marche arrière, alors qu’on n’a pas une visibilité totale et directe. »
À Paris, se garer en marche arrière, c’est déjà la norme. Mais la plupart des conducteurs ont gardé de mauvaises habitudes. La faute aux hypermarchés notamment. Quand le client revient avec son chariot plein, il veut pouvoir ouvrir facilement son coffre et le remplir. Et c’est comme cela qu’on a eu des drames: un couffin posé par terre le temps de chercher un trousseau de clé, alors qu’une voiture juste à côté, est en train de manœuvrer.
Moins grave, on se retrouve avec des véhicules qui vous rasent les fesses ou vous plaquent contre votre portière. « De toutes façons, la manœuvre, il faudra la faire. Souvent, on rentre en avant pour aller plus vite. Et pourtant lorsqu’on fait un créneau, on accepte de faire une marche arrière. Qu’on se gare en épi (en oblique) ou en bataille (perpendiculairement au trottoir) il faut le faire aussi en marche arrière. D’autant que les roues arrière ne braquent pas, il vaut mieux les ranger en premier. »
Conduire avec les souvenirs
On a tout à y gagner donc. Sur le boulevard de la Pyramide, les emplacements en épi ont été conçus également pour obliger les automobilistes à se garer en marche arrière. Et dans les parkings, des piliers « dissuasifs » ont été disposés de telle sorte que si on se gare mal, on ne peut plus ouvrir sa portière avant.
La mission d’Antoine Ruiz est de convaincre, de rappeler le « bon sens ». Il fait partie du CPVS (comité de pilotage voirie et sécurité) présidé Jean-Pierre Cavin, adjoint à la sécurité qui s’empare de tous les problèmes de voirie et de sécurité soulevés par les usagers.
Récemment, il a été missionné pour étudier un changement « mal intégré » dans la circulation. Quand on vient du Cours de la Pyramide et qu’on se dirige vers la rue des Frères Mille, il faut laisser la priorité à ceux qui viennent de la Coulée verte. Il n’y a plus de stop. « J’ai demandé que la signalisation soit plus visible, il manquait un marquage au sol et des panneaux. Quand on conduit en mode pilotage automatique, on risque de l’oublier. Ce sont ceux de la région, qui conduisent avec leurs souvenirs et pas avec leurs yeux, qui peuvent poser problème. »
Martine QUINETTE
La Provence, mercredi 7 août 2013